5ème session de l’Académie de l’Eau Artois-Picardie sur la gestion quantitative : allons-nous manquer d’eau ?

L’Agence de l’Eau Artois-Picardie poursuit sa mission de sensibilisation aux enjeux de l’eau en abordant au cours de la dernière académie de l’eau la thématique de la gestion quantitative. Un large public s’est rassemblé à Arras pour cette 5ème édition, animée par la journaliste Anne-Charlotte Duvivier.

L’adaptation des territoires face au dérèglement climatique et ses impacts sur l’eau induit une relation renouvelée à ce patrimoine vital et sa prise en considération. Dans le bassin Artois-Picardie, plus de 90% de l’eau potable est produite à partir d’eau souterraine, contre 64 % en moyenne en France. Comme l’a rappelé en introduction Isabelle Matykowski, directrice générale par intérim de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, « après quatre années de recharges de nappes insuffisantes sur le bassin Artois-Picardie puis des inondations l’hiver dernier, les questions de sobriété et de partage de la ressource en eau sont au cœur des préoccupations des territoires. L’eau est un marqueur du changement climatique ».

Voir l’interview d’Isabelle Matykowski sur le thème choisi “Allons-nous manquer d’eau ?”

François Gemenne, co-auteur du 6ème rapport du GIEC, enseignant à HEC et Sciences Po Paris et grand témoin de cette édition, a rappelé quelques fondamentaux afin de mieux appréhender la question de la gestion quantitative à l’échelle du globe : « c’est très important de se rendre compte que ce que nous percevons de la météo à un moment et à un endroit donné n’a rien à voir avec le climat qui est un ensemble de données globales sur le monde entier et sur un temps très long. L’un des effets du changement climatique consiste en une instabilité de plus en plus grande, à savoir des phénomènes extrêmes de sécheresse et d’excès de précipitations, plus intenses et plus fréquents ». En effet, une hausse d’un degré de la température de l’atmosphère correspond à 7% supplémentaires d’humidité dans l’air. Le spécialiste de la géopolitique du climat a par ailleurs souligné l’interdépendance entre les pays à l’échelle mondiale : « nous sommes tous extraordinairement liés les uns aux autres à cause de la physique du climat.  Et les manifestations du changement climatique vont être différentes d’un endroit à l’autre avec, malgré tout, une grande injustice qui est que ceux et celles qui sont les moins responsables du problème, c’est-à-dire les pays du Sud à l’échelle mondiale ou les plus précarisés dans nos sociétés, vont être davantage victimes des conséquences du changement climatique. Tout d’abord parce qu’ils vivent dans des zones plus exposées, inondables, et qu’ils ont moins de moyens d’adaptation ».

Voir l’interview de François Gemenne sur les leviers pour réduire les prélèvements en eau

La session s’est poursuivie par un zoom sur les enjeux nationaux et leurs déclinaisons au sein des territoires au travers de l’intervention de Vincent Hulin, directeur de programme Biodiversité au Secrétariat général à la planification écologique du Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires. « Le but de la planification écologique, c’est de se rappeler des enjeux environnementaux à moyen-long terme : 2030-2050 et de les décliner au sein des politiques publiques de l’Etat. Les enjeux de l’eau doivent être traités en tant que tels mais il ne faut pas les séparer du reste et nous y travaillons dans l’ensemble des politiques publiques. […] L’objectif du Plan Eau, c’est de traduire ces objectifs de long terme dans les 2,3 ans qui viennent pour se mettre dans la bonne trajectoire mais en réglant les problèmes du quotidien. Le Plan Eau règle les questions urgentes tout en ayant une visée à long terme et au sein de l’Etat, c’est une nouvelle manière de voir les choses.